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Votre mémoire familiale - transmissions, tabous et secrets de famille

Dernière mise à jour : 3 nov.

Récemment une patiente de 40 ans m'a raconté, très touchée, comment elle a été agressée sexuellement à 16 ans et comment cette histoire a impactée la suite de ses relations. Quand je lui demande si ces 2 filles de 15 et 17 ans sont au courant, elle me dit très étonnée de ma question:


《 mais non, ce n'est pas leur histoire, c'est la mienne 》 ⚠️⚠️⚠️ et enchaîne très vite 《 non mais de toutes façons ça va maintenant, là je pleure mais c'est juste parce que j'en parle 》 et elle m'entraîne sur autre chose pour s'éloigner de l'éventualité de dire à ses filles.


Bien entendu cette attitude est très courante, alors voici quelques informations sur le sujet


La mémoire familiale, pour comprendre et s'approprier notre héritage psychologique


Dans mon cabinet, j'observe régulièrement l'importance capitale de la mémoire familiale et des transmissions intergénérationnelles sur l'équilibre émotionnel et psychologique de mes patients et dans leur vie.

Les histoires de famille, qu’elles soient riches en réussites ou entachées de secrets, de traumatismes, ou d’événements marquants, ont un impact direct sur notre identité, notre façon de vivre et d’agir.

Les guerres, les agressions, l'exil, les accidents .... impriment tellement fort l'émotionnel de ceux qui les vivent, que cela laisse des traces dans la vie intrapsypsychique des enfants jusqu'à plusieurs générations.

Dans cet article, j’explore pourquoi la mémoire familiale est essentielle, pourquoi il est crucial de comprendre son histoire, et comment cela peut nous permettre de mieux nous situer dans notre vie.


La mémoire familiale : un pont entre le passé et le présent


La mémoire familiale constitue un socle pour la construction de soi. Chaque individu est, d’une certaine manière, façonné par les expériences vécues non seulement par ses parents, mais aussi par les générations antérieures.

La psychologue et sociologue Anne Ancelin Schützenberger a développé le concept de "syndrome d’anniversaire" pour montrer comment des traumatismes ou des événements marquants vécus par nos ancêtres peuvent être transmis inconsciemment à travers les générations.

Selon Schützenberger, des blessures psychiques – telles que des guerres, des décès prématurés, des maladies, ou même des suicides – s'inscrivent dans le patrimoine psychologique familial, influençant inconsciemment les descendants.

On retrouve ce qu'on appelle des traces mnésiques de ces événements dans le syndrome d'anxiété par exemple ou par le fait de se sentir exagérément touché par une cause qui à la base n'a pas de lien avec nous ... bien sûr dans des répétitions de relations difficiles, conflictuelles, violente, les addic


L’importance de la transmission : se réapproprier l’histoire de sa famille


La transmission de ces histoires n’est pas simplement un acte de mémoire ; elle est un levier de résilience.

Partager les récits familiaux, sortir les albums photos, raconter les anecdotes, et dépoussiérer les archives permettent de briser le silence et les non-dits. Selon Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et spécialiste de la résilience, la verbalisation des souvenirs et des traumatismes est essentielle pour éviter que les secrets familiaux ne deviennent un fardeau silencieux, source de troubles psychologiqus et physiologiques dans les futures générations. Ce processus permet non seulement de rendre l’histoire familiale plus fluide, mais aussi de permettre à chaque membre de s’approprier ces récits pour mieux se construire et avancer.


Les secrets de famille : un fardeau psychologique qui tourne au poison


Se taire sur les aspects douloureux n'est pas un cadeau ou une protection qu'on offre aux enfants, c'est un poison pour leur construction. Mais souvent, l'adulte sous couvert de protéger ses enfants préfère ne pas dire, se protège lui même en évitant de parler de ce qui fait mal. Nous avons le devoir de dire à nos enfants.

Bien sûr ce n'est pas facile, il faut souvent se faire aider d'un psychologue pour être émotionnellement prêt à dire, pour trouver les bons mots et savoir s'adapter à l'âge des enfants. S'adapter a leur âge est différent dattendre quils grandissent, quils deviennent adultes, quils comprennent .... Les réticences à dire sont toujours du côté des parents une protection d'eux même.

Les secrets familiaux, qu'ils soient porteurs de honte, de culpabilité ou de souffrance, sont souvent transmis implicitement, créant une atmosphère de "non-dit" qui peut affecter les relations et le bien-être des descendants. Ces secrets, s’ils ne sont pas révélés et partagés, peuvent se transformer en poids inconscient qui façonne les comportements des générations futures.

L'adulte qui ne dit pas transmet le poison du non dit sous couvert de protéger ses enfants il se protège lui même de sa douleur mais c'est une voie sans issue.

La psychogénéalogie, discipline explorée par des chercheurs comme Alejandro Jodorowsky, étudie comment les blessures non résolues et les secrets de famille peuvent influencer les choix et les comportements des descendants ainsi que des maladies.

Ouvrir le dialogue autour de ces secrets permet de libérer une part de ce poids psychologique, de clarifier la mémoire familiale, et de redonner aux individus la possibilité d'une plus grande liberté.


Le Poids de l’héritage psychologique et le déterminisme psychique


Ce "poids de l'héritage psychologique" – constitué de croyances, d'attitudes, et de schémas relationnels – est souvent intégré dès l'enfance, influençant profondément nos décisions et nos façons de réagir au monde. Selon Freud, le concept de "déterminisme psychique" indique que chaque acte de l’individu est influencé par des événements passés, y compris ceux qui remontent à plusieurs générations. Par exemple, une personne dont les ancêtres ont vécu des périodes de privation peut développer inconsciemment une peur irrationnelle de manquer, qui peut se manifester par des comportements d'accumulation ou des difficultés à se détacher de biens matériels. Cette transmission n'est pas irréversible, mais elle nécessite souvent un travail conscient de réévaluation et d’introspection pour pouvoir s'en libérer.


L’Épigénétique : L’héritage biologique et psychologique


La science de l’épigénétique apporte un éclairage fascinant sur la transmission intergénérationnelle. Des études récentes montrent que les traumatismes vécus par nos ancêtres peuvent laisser une empreinte dans notre ADN. Par exemple, des recherches menées sur les descendants de survivants de l’Holocauste (Yehuda et al., 2016) ont révélé des altérations épigénétiques liées au stress qui sont transmises aux générations suivantes. Ces découvertes suggèrent que l’héritage familial n’est pas seulement psychologique mais également biologique. Cette information n'est pas destinée à être une fatalité ; au contraire, elle renforce l'importance d'un travail de conscientisation, permettant de briser les cycles de transmission inconsciente des traumatismes.


Trouver sa voie et sortir des schémas familiaux


L’une des difficultés majeures de la construction de soi réside dans la capacité à se détacher des schémas familiaux, tout en respectant les liens qui nous unissent à notre histoire. Souvent, sans même en être conscients, nous reproduisons les comportements ou croyances de nos ancêtres, ou bien adoptons des postures opposées pour se démarquer. Or, ces contre-schémas sont souvent des réactions à la même source, ce qui ne nous en libère pas totalement.

Le psychologue John Bowlby, père de la théorie de l'attachement, a montré que les modèles de relations et d’attachement se transmettent d’une génération à l’autre, influençant la façon dont nous construisons nos relations affectives. Il est possible de "sortir" de ces modèles, mais cela requiert un travail de prise de conscience, d'analyse et souvent de répétition pour déconstruire les schémas bien ancrés.


Une appropriation sur plusieurs générations


Travailler sur trois à cinq générations permet de prendre du recul, de déceler les motifs récurrents et d’explorer les dynamiques relationnelles qui façonnent les familles. C’est un travail exigeant, mais riche en découvertes. Selon Didier Dumas, psychanalyste, explorer la généalogie permet de voir émerger des "fantômes" du passé, des répétitions transgénérationnelles. Prendre le temps de plonger dans ces récits permet de mieux comprendre notre propre positionnement et de se défaire des éventuelles loyautés invisibles, tout en intégrant ces expériences à notre histoire personnelle.


En conclusion, se Libérer pour "Faire sa Vie"


Ce travail de mémoire familiale n’est pas qu’un voyage dans le passé ; il est une clé pour se libérer de l’héritage psychologique, pour être plus conscient de nos choix et de notre "liberté de faire sa vie". En nous réappropriant notre histoire familiale, en prenant conscience des héritages transmis et des schémas familiaux, nous avons la possibilité de prendre une distance constructive et de décider de la direction que nous souhaitons donner à notre vie. Comme le rappelle la psychologue Isabelle Filliozat, “s’affranchir du passé ne signifie pas l’oublier, mais l’intégrer pleinement et en tirer une force pour avancer.” En d’autres termes, connaître ses racines est la première étape pour choisir son propre chemin.

Ce "poids de l'héritage psychologique" – constitué de croyances, d'attitudes, et de schémas relationnels – est souvent intégré dès l'enfance, influençant profondément nos décisions et nos façons de réagir au monde. Selon Freud, le concept de "déterminisme psychique" indique que chaque acte de l’individu est influencé par des événements passés, y compris ceux qui remontent à plusieurs générations. Par exemple, une personne dont les ancêtres ont vécu des périodes de privation peut développer inconsciemment une peur irrationnelle de manquer, qui peut se manifester par des comportements d'accumulation ou des difficultés à se détacher de biens matériels. Cette transmission n'est pas irréversible, mais elle nécessite souvent un travail conscient de réévaluation et d’introspection pour pouvoir s'en libérer.

L'album de photos de famille est un excellent départ de travail sur ses transmissions familiales, le faire parler est un point de départ. Ne pas connaître des détails n'empêche pas de faire un travail psychologique sur sa famille, de même si plus person̈e ne peut répondre à vos questions vous pouvez avancer avec l'aide d'un professionnel.

Interpelez moi en séance à ce sujet si vous souhaitez qu'on travaille ensemble de cette manière, avec et outil là - nous créons ensemble votre album, facteur de résilience, de relecture et donc de nouvelles forces pour avancer dans votre vie







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